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L'éléphant IANA est dans la salle

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Le 28/11/2013

Cela faisait bien longtemps que les débats de l’Icann n’avaient pas été quasiment exclusivement focalisés sur les nouveaux gTLDs. Mais ce fut pourtant le cas la semaine dernière, à Buenos Aires. La gouvernance de l’Internet était de retour ! Avec éclat !

Avec en point d’orgue une session de dernière minute, à 7 heures du matin et pleine à craquer, pas moins de 10 sessions et réunions ont traité le sujet pendant la semaine. Tel était le résultat de la campagne lancée ces dernières semaines par le CEO de l’Icann, Fadi Chehadé, qui a inclus la déclaration de Montevideo, une rencontre avec Dilma Roussef, présidente du Brésil, et beaucoup, beaucoup de kilomètres autour du monde.

Qu’est-il ressorti des discussions de Buenos Aires ?

Très peu, malheureusement. Même si peu nombreux ont été ceux qui critiquaient l’appel au changement (voir le blog de Maria Farell intitulé « Quelque chose a changé« ), les discussions sont restées centrées sur les processus, les listes de diffusion et la légitimité au lieu de parler du fond. Pas de « déclaration de Buenos Aires » ; pas de petite phrase adaptée aux médias ; et bien sûr pas de consensus.

Ainsi, l’éléphant dans la salle, bien qu’ayant été identifié comme tel par Fadi Chehadé pendant la session d’ouverture, est resté en place. Le rôle de supervision du gouvernement des Etats-Unis a été mentionné à plusieurs reprises, mais les sessions n’ont jamais vraiment porté sur des solutions alternatives.

Une occasion ratée.

La déclaration de Montevideo avait fait un très beau travail de description de la problématique, en expliquant pourquoi agir et pourquoi le changement était devenu nécessaire. Elle soulignait même le besoin de réviser le rôle du gouvernement des Etats-Unis par rapport à la fonction IANA.

Mais les principaux leaders de l’Icann, tous des vétérans de la gouvernance Internet, ont posé le débat à Buenos Aires dans des termes qui n’ont jamais amené à identifier, et encore moins à discuter, quelqu’option que ce soit. Etait-ce par peur d’un rejet de Washington, comme pourrait le suggérer le blog de Steve Del Bianco, lobbyiste à Washington pour l’industrie Internet, qui s’oppose à l’idée ?

La réunion a donc principalement abordé une initiative, 1net.org, qui se résume à un site Internet et une liste de diffusion. Son document de « présentation du contexte » est ce qu’on peut trouver de plus proche d’une vision de l’avenir. Pourtant, son objectif affiché demeure de « catalyser un mouvement ». Une sorte de définition circulaire en somme, puisque 1net crée un mouvement qui vise à catalyser un mouvement.

Il y a 15 jours, la réunion IETF de Vancouver a très bien réussi, dans son propre contexte, à définir le problème que rencontre aujourd’hui l’Internet (la surveillance massive, partout, et peu chère), et à élaborer une vision (accroître nettement le coût de la surveillance). La communication autour de cette vision a également été très efficace. Le message était : « nous allons renforcer l’Internet« . Ceci place cette initiative dans de bonnes conditions pour réussir (même si nombreux sont les défis qui demeurent).

Icann et sa communauté ont manqué cette occasion à Buenos Aires de lancer un débat sur le futur d’IANA. Celui ci se déroulera sans doute ailleurs. J’invite toute personne intéressée à commencer par rejoindre la liste de diffusion I-coordination. En espérant que la discussion de fond démarre vite…