En Octobre c’est le Cybermois, l’initiative européenne (ENISA) de sensibilisation aux risques et aux bonnes pratiques en termes de cybersécurité. En France, le Cybermois est piloté par Cybermalveillance.gouv.fr, le Groupement d’Intérêt Public Action contre la Cybermalveillance. Composé de 64 acteurs publics et privés, ce dispositif national a pour missions l’assistance aux victimes d’actes de cybermalveillance, la protection des organisations, la sensibilisation aux risques numériques ainsi que l’observation de la menace sur le territoire francais.
À cette occasion, nous avons interrogé Béatrice Hervieu, Directrice Marketing et Communication de Cybermalveillance.gouv.fr pour faire le point sur les enjeux et les solutions en matière de risques sur les réseaux :
Quelles sont les grandes nouveautés de ce Cybermois ?
C’est la 13e campagne du Cybermois, et la troisième que nous avons le plaisir de piloter. Lorsque nous achevons une édition, nous dressons un bilan et nous sollicitons systématiquement les membres du collectif afin de recueillir leurs attentes pour l’édition suivante. Après un lancement au Campus Cyber en 2023, à l’Assemblée nationale en 2024 et plus de 400 événements de sensibilisation inscrits à l’Agenda du Cybermois, essentiellement en régions, nous avons entendu l’appel des membres de décentraliser l’événement. C’est ce qui nous a conduits cette année aller à la rencontre des territoires au travers d’un CyberTour de France en nous adossant aux campus cyber territoriaux.
Après un coup d’envoi donné à Rennes avec 150 scolaires, Périgueux nous a accueillis avec un public de 600 personnes dont des TPE – PME et des collégiens de Dordogne. Puis le campus des Hauts-de- France nous a reçus au Kiabi Village de Lezennes avec des familles et une classe de BAC pro et enfin Rouen a réuni un public de particuliers scolaires, de TPE et d’associations (près de 150 personnes au total).
Cette année, c’est plus de 1300 événements de sensibilisation qui ont été organisés tout au long du mois d’octobre 2025 et ce dans tous les territoires français, de la Polynésie aux Antilles. J’en profite pour saluer le dynamisme et la créativité de leurs organisateurs avec des formats inédits tels que des pièces de théâtre sur la cyber, des permanences sur le marché dédiées à la cybersécurité ou encore une kermesse « anti-arnaques ».
Comment évolue le comportement des Français en matière de cyber ?
Le Cybermois existe depuis plus de 10 ans. C’était l’occasion de nous interroger sur la pertinence de nos actions et de prendre le pouls des Français en termes de cybersécurité. Dans la seconde édition du baromètre que nous avons menée avec Ipsos.Digital, on voit que la sensibilisation a eu des effets positifs avec des voyants au vert sur la connaissance des menaces (spam, piratage ou encore hameçonnage) ou sur des gestes élémentaires cyber qui se généralisent : vérifications systématiques avant un achat en ligne pour 68 % des Français, utilisation de mots de passe complexes et uniques pour 55 % d’entre eux… Mais il reste des progrès à accomplir pour des pratiques sur les sauvegardes que près de 3/4 d’entre eux déclarent ne pas faire régulièrement …
Vous vous adressez également à une cible très jeune, pourquoi ce choix ?
Tout simplement parce que nous avons remarqué qu’il existait un vrai contraste entre le segment des 18/34 ans qui semblent réagir différemment du reste des adultes. Cela peut paraître paradoxal mais si elle est plus équipée et plus connectée, ce public a cependant moins recours aux institutions et pratique davantage d’auto-prise en charge.
Par exemple 29 % d’entre eux ont reçu l’appel d’un faux conseiller bancaire et 20 % d’entre eux ont été victimes d’un piratage de compte. C’est 4 fois plus que pour les 55-75 ans. Pour autant, seuls 17 % ont alerté leur banque ou leur fournisseur (vs 34 % des 55-75 ans).
Nous avons donc voulu approfondir cette tendance auprès des jeunes publics en questionnant les 9-12 ans. Par nature, cette tranche d’âge est peu couverte par la sensibilisation. Or c’est à ce moment-là qu’elle utilise souvent son premier appareil mobile. Nous avons donc mené une enquête auprès de ces jeunes publics * qui démontre qu’entre 9 et 12 ans, 32 % d’entre eux ont déjà reçu un mail ou un SMS frauduleux au cours des 12 derniers mois. D’où la nécessité de les sensibiliser le plus tôt possible aux risques d’Internet pour leur apprendre à adopter les bons réflexes.
Pouvez-vous nous parler de ce dernier contenu « Le numérique, pas de panique » ?
Avec un groupe de travail constitué de nos membres, nous avions déjà réalisé une ressource dédiée aux jeunes et à leurs parents, le Cyber Guide Famille, mais forts de ces constats auprès des plus jeunes, nous avons souhaité leur consacrer un contenu spécifique.
C’est dans ce cadre que nous avons réalisé avec Bayard Média Développement un support ludo- pédagogique illustré de 12 pages mécéné par l’Afnic. Il met en scène les héros populaires Sam et Pat dans les situations courantes de cyberharcèlement, face à des sites frauduleux, des jeux en ligne, des virus, du hameçonnage, des vols de données, etc. Leurs comportements opposés “l’un vigilant et responsable, l’autre imprudent et maladroit“ vont aider les enfants à comprendre facilement ce qu’il faut faire en ligne et ce qu’il vaut mieux éviter.
Et nous avons volontairement choisi un format qui alterne bandes dessinées, conseils pratiques, et jeux pour permettre aux jeunes de se projeter et d’apprendre à naviguer en toute confiance sur Internet, de savoir comment se comporter sur les jeux vidéos ou encore comment utiliser les réseaux sociaux de manière responsable.
À l’occasion du Cybermois, nous avons présenté le livret aux médias quelques jours avant qu’il ne soit envoyé en supplément aux lecteurs d’Astrapi. De nombreux membres du collectif ou villes accueillant le CyberTour de France ou faisant l’objet d’interventions ont voulu distribuer le livret aux jeunes publics, qui a ainsi été tiré à plus de 100 000 exemplaires. Le livret a même été décliné dans une version « exposition » qui est devenue itinérante en région Bretagne ou encore Nouvelle- Aquitaine.
Par ailleurs, pour répondre à l’usage précoce du numérique, le ministère chargé de l’Éducation nationale a également mis en place un certain nombre d’actions de sensibilisation de façon durable auprès des enfants en décidant de diffuser « Le numérique, pas de panique ! » à tous les élèves de 9 à 12 ans (ce qui correspond au cycle 3) pour les aider à acquérir les bons réflexes face aux cybermenaces dès le plus jeune âge. Les enseignants ne sont pas en reste : un support a été spécialement conçu pour les accompagner dans la présentation du livret auprès de leurs élèves et les inviter à mener des des projets pédagogiques sur le thème de la cybersécurité avec leurs classes tout au long de l’année.
Enfin, le guide : «Le numérique, pas de panique ! » est également téléchargeable gratuitement sur Cybermalveillance.gouv.fr (lien : https://www.cybermalveillance.gouv.fr/tous-nos-contenus/actualites/livret-numerique-pas-de-panique)
* enquête menée du 1 au 23 septembre par Cybermalveillance.gouv.fr et l’Education nationale auprès de 4264 élèves de classes de cycle 3 (CM1, CM2 et 6e) dans les TNE.
