Lucien Castex et Sandoche Balakrichenan ont representé l’Afnic les 16 et 17 octobre dernier, à la conférence franco-japonaise sur la gouvernance d’internet « Construire la confiance : des aspects techniques aux politiques et concepts ». Co-organisée par l’Afnic, l’Université Keio X Dignity Center et l’Ambassade de France au Japon, la conférence s’est déroulée à Tokyo, Japon. Elle visait à être un catalyseur pour une collaboration plus approfondie entre la France et le Japon sur les questions cruciales de gouvernance de l’internet, tant au niveau technique que des politiques publiques et partenariats.
La conférence a rassemblé plus de vingt intervenants et s’est articulée autour de cinq sessions complémentaires, explorant la manière dont la confiance peut être instaurée au sein de l’écosystème internet, des fondations techniques aux cadres politiques :
1. Technologies émergentes et gouvernance de l’IA : quel parallèle avec la gouvernance de l’internet
Les échanges lors de cette session présidée par Toshiba Jitsuzumi (Chuo University), ont mis en lumière les parallèles entre la gouvernance de l’internet mise en place lors du SMSI (Sommet mondial sur la société de l’information) et les défis contemporains liés à la régulation de l’IA et des technologies émergentes, soulignant la pertinence des modèles multipartites et des standards ouverts et leur rôle moteur en matière de développement d’internet.
2. Des modèles de gouvernance multi-parties prenantes
Cette deuxième session présidée par Jean-Baptiste Bordes (Ambassade de France au Japon) a discuté les tensions et défis actuels, à l’aune de la revue à 20 ans du SMSI et de la mise en œuvre du pacte numérique mondial. Elle a mis en avant les modèles de coopération qui ont fait le succès d’internet et notamment la diversité des modèles – en s’appuyant sur les exemples français et japonais – valorisant la coopération entre gouvernements, milieu académique, acteurs privés et société civile pour garantir un écosystème internet transparent et équilibré.
3. Comment instaurer la confiance dans l’usage d’internet ?
Présidé par Shigeya Suzuki (Keio Université), cette session a examiné les principaux défis liés à la confiance en ligne, notamment la sécurité du DNS, l’authentification et la gestion de l’identité, afin de renforcer la fiabilité et la responsabilité.
4. Regards croisés sur la considération des droits humains
Présidé par Lucien Castex (Afnic), la session a permis aux intervenants d’aborder l’intersection entre technologies numériques et droits fondamentaux. Comment concilier la standardisation technique, notamment les derniers travaux de l’IETF et de l’UIT, avec la protection de la vie privée, la liberté d’expression et l’inclusivité dans un monde interconnecté.
5. Session spéciale sur les échanges numériques transfrontaliers et la souveraineté technologique
Cette session spéciale, présidée par Keiko Okawa (Keio Université) a exploré les moyens de promouvoir la coopération internationale en matière d’échanges numériques, tout en respectant la souveraineté nationale et en renforçant la confiance mutuelle. Elle a en particulier permis d’aborder l’évolution de la gouvernance d’internet avec un échange de vues entre IGF France et IGF Japon et l’intervention de Jun Murai qui a partagé sa vision d’internet.
Tout au long des discussions, les intervenants ont souligné l’intérêt et la pertinence d’échanges et du partage de cas d’usage entre experts japonais et français. Les participants ont également souligné la nécessité de construire la gouvernance d’internet au niveau local comme au niveau international. Alors que la France s’apprête à prendre la présidence du G7 et à moins de deux mois de la revue à 20 ans du SMSI, la nécessité d’intégrer standards ouverts, innovation technique et gouvernance éthique sont essentiels afin de renforcer la confiance et la résilience de l’infrastructure de l’internet.
La conférence s’est conclue par un appel à renforcer la collaboration franco-japonaise sur les technologies émergentes et la gouvernance de l’internet. Pierre Bonis, directeur général de l’Afnic est intervenu à distance pour clôturer cette séance : Pour l’Afnic, cette conférence a réaffirmé sa mission : renforcer la confiance et la résilience de l’infrastructure internet, dans son double rôle de registre des noms de domaine en France et d’acteur majeur de la gouvernance de l’internet.