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Souveraineté et confiance : vers un numérique européen plus autonome

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Le 04/11/2025

La transformation numérique mondiale repose sur des infrastructures et des services toujours plus interconnectés. Cette dynamique ouvre de formidables opportunités d’innovation… mais elle soulève aussi des questions essentielles de sécurité, de confiance et de souveraineté. Dans un récent numéro, dotmagazine mettait en avant les défis que pose la dépendance des services numériques européens à des infrastructures majoritairement contrôlées hors du continent.

Ce constat résonne avec nos propres analyses à l’Afnic : la question de la souveraineté numérique, se traduit aujourd’hui par des choix très concrets en matière d’infrastructures, de sécurité et de gouvernance.

Le défi de la souveraineté numérique

La circulation des données est au cœur de la souveraineté numérique. Or, une large part de ces flux transite encore par des fournisseurs non européens, ce qui interroge une croyance erronée : l’UE n’aurait pas la capacité d’ assurer son autonomie stratégique. Pour exemple, dotmagazine relève que plus de 75 % du trafic généré par des applications allemandes transite par des fournisseurs américains.

Face à ce constat, des initiatives comme « Atlantic Convergence 2025 » cherchent à renforcer la coopération internationale et à bâtir un écosystème numérique plus équilibré entre les différentes grandes puissances.

Des réponses locales : clouds souverains et contrôle des domaines

Une voie de réponse consiste à développer des solutions localisées. Les clouds souverains hébergés sous juridiction européenne permettent de mieux respecter le RGPD[i] et de réduire la dépendance à des lois extraterritoriales comme le CLOUD Act américain.

Une autre solution : l’exploitation de son propre domaine de premier niveau (TLD). Cette démarche donne aux organisations la maîtrise de paramètres techniques clés (DNS, sécurité, hébergement), renforçant ainsi leur autonomie numérique.

En effet, détenir sa propre extension internet .marque (brandTLD), c’est contrôler directement les règles de gestion de ses noms de domaine, appliquer ses politiques de sécurité, et limiter la dépendance à des acteurs tiers.

Avec son brandTLD, une entreprise peut :

  • Définir ses propres politiques de sécurité, d’enregistrement et d’usage au niveau de l’extension.
  • Maîtriser ses configurations DNS (zones, délégations, chaîne de confiance) et leurs évolutions dans le temps.
  • Imposer des standards de protection (ex. HSTS à l’échelle du territoire de noms, couplé à DMARC pour les usages email) afin d’augmenter le niveau de sécurité perçu et effectif.
  • Renforcer la lisibilité et la cohérence de l’identité numérique (un espace « authentifié par la marque », facile à reconnaître pour les publics).

C’est une démarche que nous promouvons activement à l’Afnic avec Afnic Registry Services, et que certains grands groupes français comme BNP Paribas ou E.Leclerc ont déjà adoptée. Ces initiatives complètent utilement l’approche souveraine en donnant aux acteurs économiques le contrôle direct sur leur identité numérique.

À noter : la prochaine fenêtre de candidature aux nouveaux gTLD est annoncée pour avril 2026, une fenêtre de tir de 3 mois à ne pas manquer pour les organisations qui envisagent un .marque.

[i] Règlement européen sur la protection des données

Innover pour renforcer la confiance

La sécurité ne dépend pas seulement des infrastructures, mais aussi de modèles technologiques adaptés à la complexité des environnements actuels.

Les experts cités dans dotmagazine avancent que la cybersécurité de demain sera assistée par de nouveaux modèles :

  • Le « Zero Trust », basé sur une authentification continue et contextuelle, limite les risques d’accès non autorisés.
  • Le « Confidential Computing » protège les données sensibles même pendant leur traitement, grâce à des environnements chiffrés.
  • Ces principes s’appliquent désormais aussi à l’IA via le « Confidential AI », qui sécurise à la fois les jeux de données d’entraînement et les modèles eux-mêmes.

Ces démarches sont des compléments indispensables à la gouvernance des infrastructures : elles réduisent la surface d’attaque, mais nécessitent aussi un écosystème DNS et d’identités numériques robustes pour fonctionner pleinement.

Gouvernance et identité : un enjeu collectif

Enfin, au-delà des modèles centralisés, de nouvelles approches cherchent à redonner aux utilisateurs transparence et contrôle. Á ce titre le Web3 et la blockchain sont des pistes explorées

Dans le même esprit, le projet européen « TANGO » propose la création d’espaces de données fédérés et d’identités centrées sur la confidentialité, permettant un échange d’informations sécurisé à travers les frontières et les secteurs.

Dans cette perspective, l’Europe avance également sur le plan réglementaire : le Portefeuille Européen d’Identité Numérique (EUDI) a été approuvé provisoirement, et vise à créer une identité numérique interopérable, sécurisée et respectueuse de la Loi.

L’Afnic suit de près ce chantier et voit dans l’articulation entre TLD propriétaires et identités numériques une synergie puissante : une identité forte, soutenue par un domaine de confiance propre qui renforce la cohérence et la résilience du système numérique européen.

Vers un numérique aligné avec les valeurs européennes

L’ensemble de ces évolutions montre qu’un chemin existe vers un numérique à la fois innovant et souverain. L’Europe dispose d’atouts solides : une régulation exigeante en matière de protection des données, des acteurs techniques engagés dans la gestion d’infrastructures critiques, et une volonté affirmée de bâtir des modèles interopérables.

En croisant les analyses de dotmagazine et notre expérience à l’Afnic, un constat s’impose :

  • la souveraineté numérique ne repose pas sur une seule technologie,
  • elle est le fruit d’un écosystème cohérent, qui combine infrastructures locales, outils de cybersécurité avancés, gouvernance transparente et adoption de standards européens.

Toutes les conditions sont réunies pour déployer à grande échelle un numérique innovant et de confiance.