En route vers la Journée du Conseil scientifique 2025

L’informatique quantique est une révolution à venir. Et l’un des impacts majeurs qu’elle pourrait avoir concerne la cryptographie actuellement utilisée sur internet. En quoi consiste exactement cette menace quantique ?

BA : La cryptographie est l’un des piliers de la sécurité numérique actuelle. Elle protège nos échanges privés, nos identifiants bancaires, nos emails… Ce que l’informatique quantique menace spécifiquement, ce sont les systèmes de chiffrement utilisés aujourd’hui, comme RSA et ECC. Ces systèmes reposent sur des problèmes mathématiques difficiles à résoudre pour les ordinateurs classiques. Mais les ordinateurs quantiques pourraient, grâce à leurs capacités de calcul, briser ces mécanismes en un temps record. C’est ce qui soulève un défi majeur pour la sécurité des données sur internet.

Quand exactement cette menace pourrait-elle devenir réelle ?

BA : Le problème, c’est que l’on ne sait pas exactement quand des ordinateurs quantiques suffisamment puissants seront opérationnels. Certains estiment que cela pourrait arriver dans une décennie, mais d’autres pensent que ce sera plus tard. De plus, il existe aussi une question stratégique : un acteur puissant pourrait garder cette technologie secrète pour l’utiliser à des fins spécifiques. C’est pour cela que l’on doit anticiper dès maintenant, car même si cela requiert des capacités certaines, certains de nos échanges aujourd’hui peuvent être stockés et décryptés plus tard.

C’est le thème de la Journée du Conseil scientifique de l’Afnic 2025. Qui pour en parler avec vous ?

BA : Nous aborderons des questions telles que l’impact sur les infrastructures existantes, et surtout, comment préparer nos systèmes et services d’infrastructures de l’internet actuels à cette transition. L’idée est aussi d’ouvrir des débats sur l’avenir de la sécurité numérique et de le préparer.

On pourra écouter parmi d’autres Samih Souissi de l’ANSSI, Michaël Timbert de l’Afnic, Dirk Doesburg (PQC for the RPKI), et Nicolas Knecht d’EVIDEN.

Que doit-on faire pour que cette transition soit réussie ?

BA : La clé de cette transition, c’est la coordination entre tous les acteurs d’internet : des éditeurs de logiciels aux fournisseurs d’infrastructure, en passant par les autorités de certification et les laboratoires de recherche et d’expérimentation. Ce n’est pas un processus que l’on peut imposer à un seul acteur ; il faut des standards communs, des tests d’interopérabilité, et une planification rigoureuse. La transition doit être réalisée à tous les niveaux. Nous savons que les transitions techniques à l’échelle d’internet peuvent prendre du temps. C’est un projet collectif. L’anticipation est essentielle. Même si l’informatique quantique n’est pas encore prête, les décisions d’aujourd’hui détermineront la sécurité de demain,