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L’ICANN, sa vie, ses œuvres (volet 1) : le fruit d’une certaine vision de l’internet

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Le 21/09/2021

Créée en 1998 par l’Administration Clinton pour assurer la « privatisation » de la gouvernance de l’internet jusqu’alors assumée par les universités et centres de recherches américains, l’ICANN est un organisme dont le sigle est en général familier à ceux qui travaillent autour des noms de domaine.

Pour autant, sa philosophie, ses missions précises et son organisation restent assez méconnues. Nous nous proposons dans cette série de publications de lever un coin du voile et peut-être d’aider nos lecteurs à mieux interagir avec l’ICANN.

Dans ce premier volet, revenons ensemble sur les temps forts qui ont marqué les débuts de l’histoire de l’internet et de sa gouvernance. Une époque dite « pivot » et de laquelle est notamment née l’ICANN.

La date de création de l’ICANN, 1998, n’est pas anodine. Elle se situe à une période charnière de l’histoire de l’internet. Inventé dès 1969 par Vint Cerf, Bob Kahn et Steve Crocker, le principe du « réseau des réseaux » était longtemps resté limité aux organismes de la Défense américaine et des centres de recherche universitaires. En 1984 fut imaginé le système des noms de domaine pour ajouter une couche de « nommage » aux adresses IP identifiant les machines et aux protocoles leur permettant de communiquer entre elles. Le développement fulgurant d’internet commença à la fin des années 80 et au début des années 90. En 1990 fut créée l’Internet Society, qui se proposait de réunir les internautes de tout poil. En 1991/92, Tim Berners-Lee inventa le Web, ouvrant la voie à une utilisation par le grand public. Dès lors, la possibilité de voir émerger une économie de l’internet, ou une économie sur internet, suscita de profondes mutations dans le microcosme de la « gouvernance » de celui-ci.

A l’époque, le cœur de cette gouvernance était géré par Jon Postel, de l’UCLA, au travers de ce que l’on appelait déjà la « fonction IANA » (Internet Assigned Numbers Authority) consistant à administrer la base des adresses IP et des extensions des noms de domaine, ou « Top-level domains ». C’est Jon Postel qui, pratiquement seul, supportait tout le poids de cette administration, avec en corollaire certaines décisions contestables parce qu’arbitraires, notamment l’attribution de nombreux ccTLDs (country-codes) africains à des structures privées nord-américaines ou européennes.

L’esprit dans lequel était gérée la base IANA, et dans lequel les pères-fondateurs de l’internet auraient voulu que soit géré celui-ci, fut résumé dans la RFC 1591[1] de mars 1994 qui est à présent un témoignage historique d’une certaine vision de l’internet, bien éloignée de l’hégémonie des GAFA et autres cyberattaques qui font aujourd’hui notre quotidien. Il y était notamment précisé :

Concerns about « rights » and « ownership » of domains are inappropriate.  It is appropriate to be concerned about « responsibilities » and « service » to the community.

Cette philosophie est restée jusqu’à aujourd’hui celle de la plupart des registres d’extensions géographiques tels que l’AFNIC, DENIC, SIDN, CZNIC etc., associations à but non lucratif créées pour obtenir la délégation des extensions locales de leurs pays respectifs. On la retrouve moins chez les registres d’extensions génériques ou de « nouvelles extensions » qui, pour une large part, sont des structures à but lucratif.

Peu à peu, à partir du milieu des années 1990, ces structures, qui chacune étaient en situation de « monopole » sur leurs TLDs, se sont entourées de bureaux d’enregistrement, ou registrars, qui permirent d’introduire le jeu concurrentiel et faire réellement naître le « marché » des noms de domaine.

En général, ces organisations étaient de type associatif afin de permettre à un spectre élargi d’acteurs de participer aux décisions clés de la gestion des TLDs : acteurs économiques bien sûr, mais aussi utilisateurs et pouvoirs publics. C’est ce schéma dominant dans les années 1990 qui fut aussi appliqué pour structurer l’ICANN, dont la mission initiale était de « coordonner la gestion technique de l’internet ».

Cet article est le premier volet d’une série sur l’ICANN intitulée « L’ICANN, sa vie, ses œuvres »


[1] RFC 1591 – https://datatracker.ietf.org/doc/html/rfc1591

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